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Croyances erronées autour de l’usage intravaginal du tabac

Dans certains pays africains (Gambie, Zambie), s’est développée une croyance selon laquelle l’introduction dans le vagin d’une poudre de tabac aurait des effets médicinaux ou une incidence sur la santé sexuelle. La littérature est rare sur ce phénomène marginal et les conséquences sanitaires sont peu documentées.   

Les croyances entourant le tabac et ses usages sont nombreuses, qu’il s’agisse d’effets sur la santé ou de stratégies censées minimiser les conséquences négatives du tabagisme. Les industriels du tabac ont eux-mêmes entretenu certaines croyances dans leurs publicités, en jouant sur les ressorts de la séduction, de la minceur et des effets protecteurs pour la santé (filtres, tabacs supposés plus doux, plus « légers », moins irritants…).

De nouvelles croyances peuvent cependant apparaître, comme l’indique cette pratique relevée dans certains pays africains et qui semble relativement récente : elle consiste à insérer dans le vagin une poudre de tabac additionnée d’autres substances[1].

Promesses médicinales et croyances sexuelles

Désignés sous le nom de « taba » ou « tabaa » en Gambie et celui d’ « insunko » en Zambie, ces produits du tabac sont habituellement consommés de façon orale et sont placés entre la lèvre et la gencive. Certains vendeurs les présentent parfois comme des médecines traditionnelles et incitent à les insérer dans le vagin, en vue de guérir de nombreuses affections comme l’hypertension, l’infertilité, la candidose, l’épilepsie, le diabète, l’arthrose, les douleurs, les hernies ou encore l’incontinence nocturne des enfants.

En Zambie, certains usagers s’imaginent que cette pratique protège des affections respiratoires comme le COVID-19 ou qu’elle peut augmenter les lymphocytes CD4 T chez les patients porteurs de VIH. Certaines jeunes femmes croient également qu’elle permet de « rajeunir » et de « resserrer » le vagin, afin d’offrir davantage de sensations à leur partenaire et de renforcer le plaisir sexuel.

Des conséquences sur la santé encore inconnues

Les effets sur la santé de ces pratiques ne sont pas encore clairement identifiés. Comme d’autres produits du tabac oraux (tabac à mâcher, snus), ces poudres de tabac comportent de nombreuses substances toxiques (arsenic, nitrosamines, cadmium, chromium, manganèse, cuivre), dont certaines sont carcinogènes. Elles occasionnent des cancers oraux issus des contacts dermiques avec la muqueuse buccale, la langue et le palais, ce qui laisse supposer que des affections vaginales puissent résulter de la pratique intravaginale. Les risques sont d’autant plus accrus que les poudres de tabac préparées pour usage intravaginal peuvent aussi inclure d’autres substances telles que l’alcool, le beurre de karité, la soude caustique, les cendres, le cannabis ou certaines plantes indigènes.

Cette pratique, qui semble marginale, et ses possibles conséquences sur la santé restent encore très peu documentées ; elles nécessiteraient des études plus poussées, tant sur le plan médical que social.

Mots-clés : Poudre de tabac, usage intravaginal, Zambie, Gambie.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Cham B, Sey Corr R, Weaver SR, et al. Intravaginal insertion of tobacco among women in sub-Saharan Africa. Tob Control Epub ahead of print: 18 April 2023. doi:10.1136/tc-2022-057831

Publié le 22 avril 2023