Des chercheurs de l’Université de Bath, partenaire de l’organisation STOP (organisme de veille à l’échelle internationale qui suit les pratiques d’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques publiques), ont publié l’analyse de deux études controversées réalisées par des médecins/chercheurs à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris qui émettent l’hypothèse que la consommation de nicotine pourrait protéger contre le risque de contracter le COVID19.
Ces chercheurs de Bath indiquent que les résultats de ces deux études, qui ne sont pas encore formellement publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture, vont à l’encontre de ceux déjà publiés portant sur les liens entre tabagisme et COVID19, et les mécanismes physiopathologiques concernant cette infection.
Ce document publié[1] fait état de faiblesses méthodologiques concernant ces deux études.
A titre d’illustration : la majorité des sujets suivis sont des professionnels de santé chez qui, d’une part, la prévalence tabagique est bien moindre qu’en population générale, et, d’autre part, les risques d’exposition à une infection au virus Covid19 sont plus élevés de par leur activité professionnelle. Il est dès lors difficile de comparer cet échantillon « biaisé » à la population générale et de conclure à l’existence d’un lien prouvé entre tabagisme et risque de contracter l’infection. De plus, n’ont pas été pris en compte dans cette étude les patients Covid + les plus sévères, c’est-à-dire ceux hospitalisés en réanimation.
Les autorités sanitaires françaises ont immédiatement alerté la population afin de prévenir contre des interprétations erronées, en rappelant qu’il s’agissait d’études observationnelles, qui ne permettent pas de conclure et qui s’inscrivent dans un processus général de recherches. Les pouvoirs publics ont à juste titre rappelé la nécessité pour les fumeurs d’arrêter de fumer le plus vite possible, et ont alerté les non-fumeurs quant aux risques de consommer de la nicotine.
A ce titre, les autorités françaises ont promulgué un arrêté limitant les ventes de substituts nicotiniques afin d’éviter des achats de panique et des consommations inappropriées.
