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Covid-19 et tabagisme : l’étude de la Pitié Salpêtrière infirmée

En avril 2020, une étude française portant sur des patients de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière suggérait que les fumeurs quotidiens, du fait de leur consommation nicotinique, avaient une probabilité beaucoup plus faible de développer une infection symptomatique ou sévère de la COVID-19, en comparaison à la population générale.

Sous l’impulsion du Haut Conseil de la Santé Publique, un groupe de travail pluridisciplinaire et pluri-institutionnel a été constitué, afin de déterminer si les données épidémiologiques actuelles permettent de mettre en évidence une relation entre le statut tabagique, le risque de développer une infection symptomatique à Covid-19 et son évolution.

S’appuyant sur une analyse de la littérature relative au tabac et au Covid-19, une analyse des données hospitalières, et une analyse ad hoc des données issues d’autres hôpitaux de l’AP-HP, le groupe de travail souligne que les résultats de l’étude menée à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière sont en partie biaisés par des choix méthodologiques contestables, allant a priori en faveur d’une maximisation de la prévalence tabagique au sein de la population de référence.  En d’autres termes, l’étude, en comparant la prévalence tabagique des patients avec une prévalence générale de référence maximisée augmente superficiellement l’écart entre cette dernière et la prévalence des patients.

Par ailleurs, le choix d’exclure les patients admis en réanimation conduit à une sous-estimation du tabagisme chez les patients hospitalisés. Lorsque ces patients sont pris en compte, on ne retrouve plus d’effet « protecteur » du tabagisme chez les patients Covid-19 hospitalisés. Le groupe de travail souligne également que la caractérisation du statut tabagique est de mauvaise qualité dans les dossiers médicaux, conduisant à une sous-estimation du nombre de fumeurs auprès des patients étudiés.

De cette façon, il n’est pas possible d’associer le tabagisme à une réduction du risque de développer le Coronavirus. Toutes les données montrent d’ailleurs que les fumeurs sont davantage susceptibles de développer des formes graves de Covid-19, y compris mortelles.

Ainsi, l’hypothèse de la sous-estimation de la prévalence tabagique est la plus probable pour expliquer pourquoi les patients infectés par le Covid-19 montrent quasi constamment une plus faible proportion de fumeurs parmi-eux que dans la population générale.

Pour conclure, le Haut Conseil à la Santé Publique émet un certain nombre de recommandations :

  • Réfuter cette fausse information dans toute communication publique
  • Déconseiller l’auto-prescription de produits nicotiniques
  • Renforcer les dispositifs de la lutte antitabac
  • Inciter les professionnels de santé à une vigilance accrue en cas de repérage de patient infecté par la Covid-19
  • Améliorer le système d’information et de surveillance quant aux données relatives au statut tabagique du patient
  • Rester prudents dans la médiatisation de résultats
  • Poursuivre les recherches sur les liens entre tabac et Covid-19

Pour consulter l’avis relatif au lien entre le tabagisme et la Covid-19

 

©Génération Sans Tabac


©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 14 mai 2020