Actualités

exposition-fumée-secondaire

Conséquences tardives de l’exposition professionnelle à la fumée secondaire

Une étude conduite auprès de personnels navigants indique que les conséquences de l’exposition à la fumée secondaire sur la santé pulmonaire pourraient survenir longtemps après une exposition prolongée.

Les conséquences respiratoires d’une longue exposition au tabagisme passif ont depuis longtemps été identifiées et sont bien documentées[1]. Les conséquences à long terme d’une exposition prolongée à la fumée secondaire du tabac sont cependant plus difficiles à établir.

Une étude étatsunienne suggère que des conséquences sur la santé pulmonaire ont pu être relevées à long terme chez des personnels navigants du secteur aérien[2]. Aux Etats-Unis, les interdictions de fumer à bord des avions ont été appliquées entre 1988 et 1989 pour les vols intérieurs, et de 1994 à 1997 pour les vols internationaux.

Une corrélation entre le nombre d’années de service et l’état de santé respiratoire

L’étude a recueilli les données de 293 individus issus du personnel navigant et n’ayant jamais été fumeurs, dont 193 ayant été exposés au tabagisme passif durant leurs années de service, et 103 n’y ayant pas été exposés. Les participants présentant préalablement des pathologies cardiopulmonaires ont été écartés de l’échantillon. Ce dernier comportait une grande majorité de femmes (63 % dans le premier groupe, 81 % dans le second). Les indicateurs relevés étaient les taux de desmonine et d’isodesmosine (DI) dans le plasma – deux acides aminés issus de la dégradation de l’élastine, présente dans les tissus pulmonaires –, ainsi que le nombre d’années d’exposition au tabagisme passif, qui s’étendait entre 11 et 31 années de service. Ces variables étaient comparées à des relevés spirométriques ou à d’autres examens plus approfondis renseignant l’état des fonctions respiratoires, effectués entre juin 2014 et octobre 2019.

Les résultats montrent une nette corrélation entre la forte présence des marqueurs de la dégradation de l’élastine, les mesures de la fonction respiratoire et le nombre d’années de service avec exposition à la fumée secondaire, bien supérieure à celle observable par le simple effet du vieillissement et chez les sujets n’ayant pas été soumis de façon prolongée à cette exposition. Les auteurs en déduisent une influence de cette exposition à la fumée secondaire sur la dégradation de l’élastine et sur l’apparition de troubles respiratoires, ceci à environ 25 ans de distance.

Des conséquences qui peuvent être très éloignées dans le temps

D’autres travaux avaient précédemment montré que les personnels navigants étaient trois fois plus sujets aux pathologies respiratoires de type bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) que le reste de la population étatsunienne, sans pouvoir établir à quoi tenaient ces différences[3]. La présente étude estime démontrer que la présence de troubles respiratoires peut être attribuable à l’exposition prolongée à la fumée secondaire, même lorsque celle-ci se situe dans un temps éloigné. Elle souligne ainsi la nécessité d’explorer l’historique professionnel des patients atteints de troubles respiratoires, et montre à nouveau que l’exposition au tabagisme, y compris passif, peut entraîner des conséquences très lointaines.

Mots-clés : tabagisme passif, BPCO, personnels navigants

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Fischer F, Kraemer A. Meta-analysis of the association between second-hand smoke exposure and ischaemic heart diseases, COPD and stroke. BMC Public Health. 2015;15:1202-1202.

[2] Mustra Rakic J, Zeng S, Rohdin-Bibby L, et al. Elastin degradation and lung function deterioration with remote secondhand tobacco smoke exposure in never-smokers. Chronic Obstr Pulm Dis. 2022;9(3):377-393.

[3] McNeely E, Gale S, Tager I, et al. The self-reported health of U.S. flight attendants compared to the general population. Environ Health. 2014;13(1):13.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 21 septembre 2022