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Comment renforcer la participation aux programmes d’arrêt du tabac sur le lieu de travail

Lorsqu’ils sont mis en place sur le lieu de travail, les programmes d’aide à l’arrêt du tabac peinent souvent à recruter des participants. Une étude néerlandaise s’est penchée sur les freins et les leviers de cette participation.

Les programmes d’aide à l’arrêt du tabac déployés en milieu professionnel ont fait preuve de leur efficacité[1]. Ils permettent de toucher une large part de la population, dont des personnes éloignées du système de soins comme les salariés aux plus faibles revenus et peu éduqués. Ces programmes souffrent cependant de faibles taux de participation.

Constatant que la plupart des programmes d’arrêt du tabac sur le lieu de travail prennent surtout en compte les besoins des employeurs, des chercheurs néerlandais ont conduit une étude qualitative pour explorer les attentes et les freins chez les salariés, afin de garantir une meilleure participation[2]. 19 entretiens semi-directifs sur ce thème ont été menés entre janvier et juin 2019 auprès de salariés de divers secteurs d’activité, dans des entreprises de plus de 100 salariés. Une majorité des participants avait déjà bénéficié d’un programme d’aide à l’arrêt du tabac par petits groupes offert par l’employeur.

Des freins liés à l’information et à l’incitation à participer

Plusieurs freins au succès des programmes d’arrêt du tabac en milieu professionnel ont été identifiés. L’information sur ces programmes est ainsi nettement moins bien intégrée lorsqu’elle n’est diffusée que par un mail collectif ou placée sur l’intranet des entreprises. Les personnels travaillant de nuit ou embauchés sur des contrats courts participent moins à ces programmes, tout comme ceux dont le rythme de travail connaît des pics peu compatibles avec les horaires proposés. Ceux ne travaillant pas sur le site de l’entreprise sont également moins enclins à participer, ces situations s’étant multipliées avec l’essor du télétravail. Les personnels parlant mal la langue du pays sont enfin plus souvent laissés à l’écart de ces programmes.

Parmi les autres freins repérés, le jugement moral est un écueil majeur, qu’il provienne de l’employeur ou des collègues, notamment en cas d’échec d’arrêt du tabac. L’expression d’un scepticisme sur les capacités d’un fumeur à arrêter de fumer fragilise également la démarche d’arrêt du tabac. Les non-fumeurs peuvent éprouver un ressentiment à l’égard des fumeurs si le programme d’arrêt est perçu comme un avantage pour ces derniers, mais le soutien des collègues à la démarche d’arrêt peut renforcer, voire susciter, l’intention d’arrêter de fumer.

Des pistes pour accroître la participation à ces programmes au travail

Cinq recommandations ont été émises pour améliorer la participation à ces programmes d’aide à l’arrêt du tabac en milieu professionnel :

  • Recourir à des stratégies de communication plus pro-actives qu’un simple mail. Jouer sur plusieurs supports de communication, en particulier le bouche-à-oreille, attire davantage l’attention sur le programme. Pour les personnes éprouvant des difficultés à comprendre le français, éditer un document dans une autre langue peut se révéler utile.
  • Former les managers de proximité à aborder ce sujet et à stimuler les demandes de participation. D’autres figures respectées dans l’entreprise peuvent aussi être mobilisées.
  • Expliquer à tous les salariés pourquoi ce programme est mis en place et les bénéfices que peut en attendre l’ensemble des personnels.
  • Rendre ce programme aussi accessible que possible, en le prévoyant notamment sur le lieu de travail et durant les horaires de travail. Des adaptations, sous forme d’accompagnement individuel, peuvent être proposées dans les équipes rencontrant des difficultés d’accès au programme (pics horaires d’activité, travail de nuit). Renouveler régulièrement ces programmes d’arrêt permet aussi d’augmenter les occasions et les chances de participation.
  • Intégrer le programme d’aide à l’arrêt du tabac dans un cadre plus général de promotion de la santé, par exemple autour de l’activité physique ou de l’alimentation, dont puisse bénéficier l’ensemble des personnels. Les fumeurs participant au programme d’arrêt du tabac profiteront de ce cadre plus global pour consolider leur motivation. Les freins rencontrés par ces autres programmes de santé sont par ailleurs similaires à ceux d’aide à l’arrêt du tabac.

Ces recommandations seraient notamment plus adaptées à une meilleure intégration des salariés les plus modestes et les moins éduqués, qui constituent également les effectifs les plus importants parmi les fumeurs. Les limites de cette étude qualitative sont toutefois de n’avoir recueilli que les avis de participants de plus de 30 ans et provenant de structures de plus de 100 salariés.

Mots-clés : arrêt du tabac, milieu professionnel, promotion de la santé.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Fishwick D, Carroll C, McGregor M, et al. Smoking cessation in the workplace. Occup Med (Lond). 2013;63(8):526-536. doi:10.1093/occmed/kqt107

[2] Poole NL, Nagelhout GE, Magnée T, et al. A qualitative study assessing how reach and participation can be improved in workplace smoking cessation programs. Tobacco Prevention & Cessation. 2023;9(March):7. doi:10.18332/tpc/161589.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 9 avril 2023