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Comment les enfants de fumeurs deviennent non-fumeurs

Une étude néo-zélandaise s’est penchée sur les déterminants sociaux de l’expérimentation du tabac chez les enfants de fumeurs. Elle souligne l’importance de la protection contre l’exposition à la fumée de tabac, mais aussi de l’attitude parentale vis-à-vis du tabac et de l’estime de soi des enfants.

Les enfants de fumeurs sont davantage susceptibles de devenir fumeurs, en particulier lorsqu’ils sont issus d’un milieu socioéconomique défavorisé. La composante ethnique peut être également déterminante, comme ont pu le démontrer de nombreuses études.

Cette filiation a été contredite en Nouvelle-Zélande lorsque la consommation régulière de tabac s’est fortement réduite chez les adolescents de 14-15 ans, passant de 22 % en 2002 à 5 % en 2015, alors qu’elle déclinait moins vite chez les adultes[1]. Chez les adolescents Maori, elle est passée de 43 % en 2000 à 11 % en 2016. Cette tendance s’observant aussi chez les enfants de fumeurs, une équipe de chercheurs néo-zélandais a exploré les déterminants sociaux qui ont pu y contribuer.

Une baisse de l’initiation également observée dans les minorités ethniques

S ‘appuyant sur les données 2016 et 2018 de la Youth Insights Survey, les chercheurs se sont concentrés sur les 2205 adolescents dont au moins un membre de l’entourage (parents, beaux-parents, grands-parents, amis ou autres) était fumeur, soit 41 % de l’échantillon total[2]. Ce taux d’au moins un membre de l’entourage fumeur s’élevait à 63 % pour les adolescents Maori et issus des ethnies du Pacifique, contre 33 % pour ceux n’appartenant pas à ces ethnies. La prévalence tabagique se situait à cette époque en Nouvelle-Zélande à 15 % en moyenne chez les adultes, mais la prise en compte d’un entourage élargi a démultiplié le taux de présence des fumeurs.

Parmi ces adolescents dont au moins un membre de l’entourage était fumeur, 65 % n’avaient jamais expérimenté le tabac. Les facteurs favorisant cette non-expérimentation étaient, par ordre décroissant d’importance :

  • la demande émise par les parents de ne pas fumer ;
  • la non-exposition à la fumée de tabac dans un véhicule ;
  • la non-exposition à la fumée de tabac au sein du foyer ;
  • le niveau d’estime de soi développé par les adolescents.

L’inscription dans un établissement scolaire valorisé constituait un autre facteur protecteur, celui-ci étant plus fortement corrélé au niveau socioéconomique des familles et donc moins facilement modifiable.

Ces facteurs de protection étaient également observés chez les adolescents Maori et des ethnies du Pacifique, mais la faible présence de ces derniers dans l’échantillon rendait prudente l’interprétation des résultats.

Double intérêt de protéger les enfants contre l’exposition au tabac

La demande des parents de ne pas fumer est le facteur le plus important et protège contre l’initiation au tabagisme. Une attitude plus permissive des parents se traduit en revanche par une expérimentation du tabac plus importante.

Les chercheurs insistent donc sur l’intérêt des consignes parentales, mais soulignent également celui de la protection contre l’exposition à la fumée de tabac. Tout comme l’observance de ne pas fumer au sein du foyer, l’interdiction de fumer dans les véhicules a ainsi eu une double action bénéfique, d’une part en évitant l’exposition des enfants à la fumée, d’autre part en dénormalisant la pratique du tabagisme. Les actions de santé développées au niveau communautaire apparaissent utiles et nécessaires pour appuyer le déclin du tabagisme, dans les minorités ethniques comme dans tous les groupes sociaux défavorisés. La question de l’estime de soi paraissait plus particulièrement saillante chez les enfants de ces minorités ethniques, qui souffrent d’une moindre valorisation sociale.

Ces résultats corroborent par ailleurs ceux d’une étude australienne récente, qui n’a pas observé de corrélation entre le fait d’avoir un parent fumeur et la susceptibilité pour un adolescent de devenir fumeur[3]. Ces deux études indiquent ainsi qu’il ne saurait y avoir de fatalité à devenir fumeur pour les enfants de fumeurs.

Mots-clés : Nouvelle-Zélande, adolescents, enfants de fumeurs, protection contre l’exposition à la fumée.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Ball J, Sim D, Edwards R, Why has adolescent smoking declined dramatically? Trend analysis using repeat cross-sectional data from New Zealand 2002–2015, BMJ Open 2018;8:e020320. doi: 10.1136/bmjopen-2017-020320.

[2] Scully M, Greenhalgh E, Bain E, Wakefield M, Durkin S, White V, E-cigarette use and other risk factors associated with tobacco smoking susceptibility among Australian adolescents, Australian and New Zealand Journal of Public Health, published online 22 August 2023, https://doi.org/10.1016/j.anzjph.2023.100076.

[3] Scully M, Greenhalgh E, Bain E, Wakefield M, Durkin S, White V, E-cigarette use and other risk factors associated with tobacco smoking susceptibility among Australian adolescents, Australian and New Zealand Journal of Public Health, published online 22 August 2023, https://doi.org/10.1016/j.anzjph.2023.100076.

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Publié le 2 septembre 2023