Au Royaume-Uni, British American Tobacco (BAT) est pointé du doigt pour avoir financé une campagne de relations presse dénonçant le coût supposément excessif des services d’aide à l’arrêt du tabagisme. Cette campagne, relayée par l’agence de communication Pagefield, ne faisait pas mention de son financement par le géant de l’industrie du tabac[1].
Par l’intermédiaire d’une agence de communication, le cigarettier a pu déployer dans la presse locale un argumentaire partial et critique à l’égard des politiques publiques de lutte contre le tabagisme, notamment le National Health Service (NHS).
Ainsi, le East London et le West Essex ont par exemple relayé l’information selon laquelle le district de Redbridge aurait dépensé plus de 5000 euros pour chaque personne sortie du tabagisme, sans mettre en perspective ce chiffre avec les dépenses de santé évitées grâce à la baisse du tabagisme, tout en présentant les nouveaux produits du tabac et de la nicotine comme des outils d’aide à l’arrêt.
L’instrumentalisation de tierces-parties pour relayer des argumentaires discréditant et délégitimant les politiques publiques de lutte contre le tabac est une technique récurrente employée par les cigarettiers. Comme le souligne Anna B. Gilmore[2], une des stratégies de l’industrie du tabac consiste à systématiquement surévaluer les coûts de la lutte contre le tabac (hausse de la contrebande et de la criminalité, ralentissement économique, hausse de la dépense publique), tout en en minimisant ou niant les bénéfices (progrès en matière de santé publique, diminution des dépenses sanitaires, etc).
A travers la promotion des nouveaux produits du tabac et de la nicotine, l’industrie mène par ailleurs une véritable offensive contre la santé publique, en présentant ces premiers comme des outils de réduction de risques.
Les cigarettiers, en particulier British American Tobacco et Philip Morris International, tentent par ce biais de redorer leur image, en se faisant passer pour des acteurs sociaux responsables et crédibles en matière de santé publique. En essayant de mettre en avant l’innovation de leurs produits, ils cherchent à rendre caduques la prévention et la lutte contre le tabagisme.
[1] The Guardian, « Tobacco firm funded attack on council quit-smoking services », 02/07/2020
[2] Anna B. Gilmore, « The Policy Dystopia Model: An Interpretive Analysis of Tobacco Industry Political Activity », 20 septembre 2020
https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002125
