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British American Tobacco finance la World Vapers’ Alliance pour affaiblir les réglementations antitabac

Une nouvelle enquête du Daily Beast[1] a révélé que British American Tobacco (BAT), a joué un rôle central et dans l’orchestration, la direction et le financement de la World Vapers’ Alliance (WVA) – un groupe de façade pro-vapotage se faisant passer pour des consommateurs, partisans de la lutte contre le tabagisme.

Selon l’enquête des journalistes, British American Tobacco a cherché à utiliser la World Vapers’ Alliance pour faire pression sur les responsables gouvernementaux, y compris les membres du Parlement européen pour affaiblir les réglementations sur les produits du tabac et de la nicotine telles que l’interdiction des produits aromatisés, les avertissements sanitaires et l’augmentation des taxes.

Une stratégie de communication coordonnée sur les réseaux sociaux

Selon l’enquête, la filiale de BAT basée à Londres a joué un rôle central dans l’orchestration, la direction et le financement de la World Vapers’ Alliance en collaboration avec la société de conseil et de relations publiques Red Flag et le groupe Consumer Choice Center. Des e-mails obtenus par The Daily Beast mentionnent notamment l’implication de BAT dans la stratégie publicitaire sur les réseaux sociaux de la WVA en diffusant de nombreux contenus pro-vapotages à travers le monde mais jamais sous le compte de la WVA ou du CCC, et ne faisant jamais mention des liens avec le cigarettier BAT. Ces publications sponsorisées ont été directement approuvées par le responsable mondial des campagnes de BAT, Marcin Wiktorwitz, mais les employés et les sous-traitants des entreprises affiliées n’étaient autorisés à contacter BAT que par téléphone pour éviter toute trace écrite. Ils étaient même incités à ne pas mentionner BAT dans leurs e-mails concernant la WVA.

Un lobby destiné à affaiblir les réglementations antitabac en vigueur

Les liens entre la WVA et l’industrie du tabac ont aussi été documentés dans une enquête de novembre 2021 du quotidien français Le Monde[2], qui a exploré les relations et financements entre l’industrie du tabac, la World Vapers’ Alliance et le Consumer Choice Center. L’investigation avait révélé que les deux associations agissaient en particulier au niveau de l’Union Européenne, auprès des députés européens en vue d’imposer les nouveaux produits du tabac et de la nicotine comme étant moins nocifs et ne devant dès lors pas être réglementés comme les cigarettes traditionnelles (maintien d’une fiscalité favorable, absence de règlementation sur les arômes, etc.).

Les documents obtenus par le Daily Beast montrent que la WVA utilise ses membres pour envoyer des lettres ciblées aux députés européens afin de porter les messages favorables aux intérêts des fabricants et prônent un affaiblissement de réglementations européennes en discussion.

La World Vapers’ Alliance, porte-voix de l’industrie du tabac

Dans un article d’opinion publié en décembre 2021 dans la Tribune, le directeur de la WVA, Michael Landt s’est attaqué à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’il accuse de « décider à huis clos et d’ignorer l’avis des scientifiques et des consommateurs sur le vapotage qui constitue pourtant l’un des outils de sevrage tabagique les plus efficaces. ».  Cette attaque à l’encontre de l’institution internationale et du traité élaboré sous égide, la Convention cadre pour la lutte antitabac, n’était pas nouvelle et le directeur de la WVA n’avait pas mentionné les liens d’intérêts qui le lient à l’industrie du tabac. Le directeur de la WVA, appelait l’OMS à repenser sa stratégie de lutte contre le tabagisme en rendant plus accessibles des « alternatives attrayantes » aux fumeurs lesquelles, selon lui, permettraient de « sauver 200 millions de vies ».  En cohérence avec le discours et le positionnement de l’industrie du tabac sur les questions de réduction de risque, l’optique recherchée est de revenir sur certaines réglementations.

Les intérêts inconciliables de l’industrie du tabac et de la santé publique

La Convention-cadre de l’OMS est un traité adopté par 182 pays/Parties à travers le monde. Il a été élaboré et négocié par les différents pays, en réponse à la mondialisation de l’épidémie de tabagisme. C’est un traité fondé sur les preuves scientifiques. La 9ème session de la COP, Conférence des parties de ce traité, s’est achevée en novembre 2021 par l’adoption d’une déclaration commune à tous ces pays. Ces derniers rappellent que l’industrie du tabac représentent l’obstacle essentiel aux politiques de réduction de la consommation de tabac et ils appelaient à une relance des politiques de lutte contre le tabagisme, en particulier en les protégeant de l’ingérence de l’industrie du tabac. Cette déclaration rappelle le conflit fondamental et inconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et ceux de la santé publique.

Acronymes

BAT : British American Tobacco

CCC : Consumer Center Choice

WVA : World Vapers’ Alliance

Mots clés : World Vapers Alliance, British American Tobacco, Lobby, Ingérence, OMS

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Roger Sollenberger, William Bredderman, Guess Who’s Secretly Backing This ‘Anti-Smoking’ Vape Group, The Daily Beast, publié le 8 janvier 2021, consulté le 12 janvier 2022

[2] Stéphane Horel (avec Ties Keyzer, Tim Luimes, Eva Schram de « The Investigative Desk » et datacitron), Vapotage : les vrais millions des fausses organisations de consommateurs, Le Monde, 3 novembre 2021, consulté le 12 janvier 2022

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 13 janvier 2022