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British American Tobacco accusé de corruption et d’espionnage en Afrique

British American Tobacco aurait distribué plus de 500 000 euros dans dix pays en Afrique pendant une durée de cinq ans dans l’objectif d’influencer les réglementations en matière de santé publique. C’est ce que montre un rapport publié par l’ONG Stopping Tobacco Organizations and Products (STOP)[1].

Le rapport de STOP affirme que le géant du tabac, notamment depuis son siège social à Londres, a multiplié les opérations illégales au Burundi, aux Comores, en République Démocratique du Congo (RDC), au Kenya, au Malawi, en Ouganda, au Rwanda, au Soudan, en Tanzanie, ainsi qu’en Zambie. Selon l’enquête menée par l’ONG, entre 2008 et 2013, British American Tobacco aurait ainsi organisé des réseaux d’informateurs, pratiqué de l’espionnage industriel et effectué des centaines de paiements douteux.

Un réseau d’informateurs et des pots-de-vin pour maintenir sa domination en Afrique

Pour maintenir sa situation de domination, British American Tobacco, contrôlant au moment de l’enquête entre 51% et 79% des marchés nationaux d’Afrique australe, a dirigé un réseau secret d’informateurs, utilisant des moyens illégaux de surveillance pour espionner les entreprises locales concurrentes. Selon le rapport, ce réseau de surveillance, sous couvert de lutter contre le commerce illicite, aurait employé des traqueurs GPS et des drones pour renseigner le cigarettier sur les activités des entreprises rivales.

Par ailleurs, le rapport montre que le géant du tabac a eu recours à de multiples reprises à la corruption pour influencer les réglementations. Selon STOP, plus de 500 000 euros auraient été distribués, sous forme de dons pour des campagnes, de voitures ou encore d’argent, pour des responsables politiques, des fonctionnaires et des salariés d’entreprises locales concurrentes.

Le siège social de British American Tobacco impliqué

Les documents analysés pour l’enquête soulignent que le siège social de BAT à Londres était non seulement au courant de ces pratiques, mais très impliqué dans leur organisation. Certains membres du bureau de Londres auraient même été sur place pour former du personnel de terrain. Cet élément donne une dimension supplémentaire à l’affaire, en ce qu’il suggère que les pratiques dénoncées en Afrique ne sont pas accidentelles et marginales dans le fonctionnement de l’entreprise, mais qu’elles sont le fruit d’une stratégie validée et élaborée par le siège social, et qu’elles engagent l’entière responsabilité de ce dernier, ainsi que celle de ses cadres dirigeants.

Un faisceau grandissant de preuves embarrassantes

Ces révélations corroborent les conclusions tirées par l’enquête menée par le Bureau of Investigative Journalism, la BBC et l’Université de Bath, qui démontrait l’implication de BAT dans l’espionnage de concurrents et la négociation de pots-de-vin au Zimbabwe. En plus de franchir les limites de la légalité, les stratégies mises en place par British American Tobacco participent à maintenir et diffuser l’épidémie tabagique en Afrique. Alors que les ventes de cigarettes diminuent à l’échelle mondiale, l’Afrique est la seule région dans laquelle la consommation de tabac est la hausse, laissant présager à terme un désastre sanitaire.

Mots clés : British American Tobacco, BAT, Afrique, Corruption

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Stopping Tobacco Organizations and Products (STOP), British American Tobacco in South Africa: Any Means Necessary, (consulté le 14/09/2021)

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 21 septembre 2021