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Belgique : Le Conseil supérieur de la santé demande l’interdiction des filtres à cigarettes

Les cigarettes avec filtre sont tout aussi nocives pour la santé que les cigarettes sans filtre, révèle une nouvelle analyse du Conseil supérieur belge de la santé (CSS). Selon l’organisme, les filtres créent un faux sentiment de sécurité et peuvent même augmenter la quantité de substances cancérigènes dans la fumée de cigarette. De plus, l’avis souligne l’impact causé par les filtres sur l’environnement, en raison des microplastiques libérés lors de leur décomposition. Le CSS recommande ainsi une interdiction générale des filtres à cigarette, tant en Belgique qu’au niveau européen[1].

Le CSS répond ainsi à une demande reçue à l’été 2022 du ministre fédéral du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal concernant l’utilisation de filtres en plastique dans les cigarettes.

La semaine dernière, le gouvernement néerlandais s’est également positionné en faveur d’une interdiction des filtres dans les cigarettes à l’échelle européenne.

Les filtres n’ont aucune justification sanitaire selon le Conseil

Dans ses conclusions, le CSS conclut que le filtre doit uniquement être considéré comme un outil marketing développé par l’industrie du tabac en réponse aux inquiétudes grandissantes des effets du tabagisme sur la santé dans la seconde moitié du 20ème siècle et que les filtres ne présentent « aucun avantage avéré au niveau de la prévention des effets néfastes du tabagisme sur la santé ».

Les filtres à cigarettes donnent un faux sentiment de sécurité car le fumeur croit qu’ils purifient la fumée des substances nocives, selon le rapport. S’il est vrai qu’ils arrêtent certaines particules de suie et de nicotine, ils ont aussi des effets secondaires néfastes : un filtre produit plus de substances cancérigènes parce que le tabac brûle plus lentement et de manière incomplète. En outre, les fumeurs inhalent souvent plus profondément (ou plus souvent) pour compenser.

Les filtres réduisent le caractère irritant pour les voies respiratoires de la fumée, ce qui facilite l’initiation des jeunes et empêchent le dépôt dans la bouche de brins de tabac. Cela signifie qu’une interdiction des filtres rendrait le tabagisme moins attrayant, ce qui pourrait réduire le nombre total de cigarettes fumées et contrer l’initiation des jeunes.

Les filtres biodégradables ne sont pas une solution

L’industrie du tabac se prépare à l’éventualité d’une interdiction du filtre en proposant des « alternatives », notamment les filtres dit « biodégradables ». Dans son avis, le Conseil ne considère pas la promotion des filtres biodégradables comme une solution. En effet, les filtres biodégradables continueraient à libérer des substances chimiques nocives dans l’environnement s’ils étaient jetés de manière inappropriée. De plus, ce type de filtre pourrait induire le consommateur en erreur qui pourrait penser que jeter son mégot dans la nature aurait moins d’incidence, ce qui conduirait à terme à des risques majorés pour l’environnement. Enfin, il est certain que l’industrie du tabac utilisera ces filtres biodégradables comme une opportunité marketing dans le cadre de ses activités de responsabilité sociale des entreprises pour se présenter comme un acteur responsable et espérer redorer son image.

Etant donné que le filtre n’a aucun avantage sur la santé du fumeur, introduire des filtres dit « biodégradables » pourrait conduire à une renormalisation du tabagisme en maintenant l’attractivité du produit.

L’interdiction du filtre, au cœur du traité international sur le plastique

Le Conseil supérieur de la santé demande que les filtres soient considérés comme des produits plastiques à usage unique non-dégradables, au même titre que les sacs plastiques jetables. Cependant, introduire une telle interdiction au niveau national est compliquée en raison de la forte ingérence de l’industrie du tabac déterminée à protéger ses propres intérêts. Le Conseil propose ainsi de mettre en œuvre immédiatement une telle interdiction des filtres au niveau européen.

C’est une mesure qui est portée et défendue par les acteurs de lutte contre le tabac et de protection de l’environnement à l’approche de la deuxième session de négociations du traité sur la pollution plastique, qui se tiendra à Paris du 29 mai au 2 juin 2023[2]. Réunies sous la Stop Tobacco Pollution Alliance (STPA), une coalition mondiale d’organisations, les ONG souhaitent faire reconnaître la pollution majeure liée aux mégots dans le monde et inscrire leur interdiction dans le traité.

Mots-clés : Belgique, interdiction des filtres, pollution plastique, Europe, traité plastique

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Les filtres à cigarette font plus de mal que de bien, Service public fédéral Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement de Belgique, publié le 26 avril 2023, consulté le 27 avril 2023

[2] Génération sans tabac, Les filtres de cigarettes, enjeu de poids du traité sur la pollution plastique, publié le 18 avril 2023, consulté le 27 avril 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 27 avril 2023