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Islande

BAT s’oppose au projet de nouvelle réglementation sur les arômes en Islande

Le projet de protection de la jeunesse et d’interdiction des arômes dans les pouches et les cigarettes électroniques, proposé par le ministre de la Santé, est combattu par British American Tobacco (BAT) au nom de la réduction des risques.

Interdire les arômes de fruits et de friandises dans les pouches (sachets de nicotine qui se placent entre la lèvre et la gencive), les cigarettes électroniques et les liquides de recharge, mais aussi interdire d’utiliser tous ces produits dans l’univers éducatif (crèches, écoles, collèges et lycées) et dans les lieux fréquentés par les jeunes (sports, loisirs, activités sociales), telles sont les principales dispositions du projet de loi sur les produits du tabac et du vapotage[1]. Ce projet prévoit notamment l’alignement de la réglementation des produits de vapotage (appareils et e-liquides) et des pouches sur celle des produits du tabac, en interdisant par exemple de vendre ces produits à des mineurs[2].

BAT veut préserver les arômes sucrés et demande un délai

British American Tobacco a adressé au ministre de la Santé, Willum Þór Þórsson, un courrier reconnaissant l’intérêt de l’âge minimum d’achat, de l’interdiction de vapoter dans les établissements scolaires et des autres mesures de protection des enfants, mais s’indignant de l’interdiction des arômes dans les produits de la nicotine. La deuxième multinationale du tabac, qui affirme à son tour, après Philip Morris International, vouloir combattre le tabagisme et aider les fumeurs à arrêter de fumer, estime que les arômes de fruits et de confiserie aideraient les adultes fumeurs à s’affranchir du tabac fumé. Cet argument est amplement utilisé par les groupes de façade de l’industrie du tabac et du vapotage pour justifier le maintien d’arômes aux saveurs sucrées, alors que des recherches ont montré leur fort pouvoir attractif sur les adolescents[3].

BAT appelle aussi à relever le taux légal de nicotine dans les pouches à 20 mg, sur le modèle du seuil appliqué en Suède, alors que le taux moyen des pouches en Islande se situe à 11 mg. La multinationale, propriétaire de la marque de pouches Velo, réclame par ailleurs un délai de douze mois avant l’application de cette législation, temps qu’elle juge nécessaire pour adapter son outil de production.

Cette protestation a été appuyée par deux parlementaires du Parti Indépendant. Le premier estime que ces mesures, prévues pour protéger les mineurs, s’exerceraient au détriment de l’auto-détermination des adultes qui souhaiteraient arrêter de fumer. Le second considère que de telles restrictions nuiraient au secteur agro-alimentaire. Ces arguments rappellent ceux de l’industrie du tabac, entre autres utilisés dans les débats sur les interdictions de fumer, qui négligent toutefois de soupeser la pertinence de cette auto-détermination lorsqu’il s’agit de mineurs[4].

Un fort développement des produits de la nicotine en Islande

Ces questions sont d’autant plus sensibles dans un pays qui a connu une spectaculaire régression de sa prévalence tabagique en trente ans, pour s’établir à 17% en 2019, dont 8% de fumeurs quotidiens[5]. Les dix dernières années ont vu, parallèlement à la baisse du tabagisme, une importante augmentation de l’usage des produits de la nicotine. Un jeune de 15-16 ans sur six utilisait une cigarette électronique en 2019 et un tiers des 18-34 ans consommerait aujourd’hui des pouches quasi-quotidiennement.

La rapide croissance des produits de la nicotine parmi les jeunes et les mineurs est l’un des principaux motifs du projet d’interdiction des arômes sucrés. Le Directeur général de la Santé a par ailleurs pointé les conséquences néfastes de la nicotine sur le développement du cerveau des jeunes et des adolescents, en termes de concentration, de motivation et de modification de l’humeur.

Mots-clés : Islande, nicotine, arômes, pouches, BAT

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Poggio A, Tobacco Giant On Flavour Ban Of New Bill : Undermines Public Health Goals, Rykjavil Grapevine, publié le 8 avril 2022, consulté le 11 avril 2022.

[2] Iceland Mulls New Restrictions on Nicotine, Tobacco Reporter, publié le 21 mars 2022, consulté le 11 avril 2022.

[3] Do E, O’Connor K, Kreslake J, Friedrichsen S, Vallone D, Hair E, Influence of Flavors and Nicotine Concentration on Nicotine Dependence in Adolescent and Young Adult E-Cigarette Users, Substance Use & Misuse, 2022;(57),4. DOI: 10.1080/10826084.2022.2034876

[4] Schmidt A. Is there a human right to tobacco control? in: Gispen ME, Toebes B. Human Rights and Tobacco Control. Edgar Studies in Health and the Law, Liverpool, 2020.

[5] OECD/European Observatory on Health Systems and Policies, Iceland: Country Health Profile 2021, State of Health in the EU, OECD Publishing, Paris/European Observatory on Health Systems and Policies, Brussels, 2021.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 14 avril 2022