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Aux Pays-Bas, PMI a reçu en 2021 une subvention environnementale pour rénover une usine

Philip Morris International a touché en 2021 une subvention de 268 000 € du gouvernement néerlandais pour rendre plus durable la production d’une de ses usines. Bien que le cigarettier ait finalement renoncé à ce montant, la découverte tardive de cette aide publique a provoqué un tollé général.

Alors les Pays-Bas s’interrogent sur de nouvelles mesures de lutte contre le tabagisme et que le gouvernement néerlandais envisage d’interdire les filtres de cigarettes et les sachets de nicotine, la révélation par RTL Z d’une subvention publique à Philip Morris International (PMI) en 2021 provoque le scandale.

Une subvention visant à améliorer la durabilité de l’usine

Dans le cadre de subventions environnementales destinées à réduire les émissions de CO2 de l’industrie, l’usine de Bergen op Zoom de PMI remplissait les conditions nécessaires et s’est vue octroyée un montant de 268 000 euros d’aide publique[1]. Cette usine fabrique des cigarettes ainsi que des « produits semi-finis » pour cigarettes électroniques.

Ayant renoncé au deuxième semestre 2021 à engager les travaux prévus dans le cadre de cette subvention et n’étant de fait plus éligible, PMI a finalement restitué les sommes perçues. La multinationale du tabac a cependant pour objectif d’atteindre la neutralité carbone pour cette usine d’ici trois ans et compte y investir 15,5 millions d’euros sur fonds propres. Cette opération s’inscrit dans l’intense communication environnementale déployée par PMI pour redorer son image, au titre de la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

Vives réactions de toute la classe politique

La révélation de cette information le 24 avril 2023 a déclenché l’indignation de l’ensemble des parlementaires, majorité et opposition confondues. L’idée que des subventions publiques, qui plus est dans le domaine environnemental, puissent être versées à un industriel du tabac apparaît particulièrement incongrue. « Cette affaire montre pourquoi nous voulons des règles plus strictes pour ce type d’entreprises », a notamment réagi Suzanne Kröger, du parti GroenLinks (Gauche verte), « il est absurde de mettre l’argent de la durabilité dans des usines dont nous voulons nous débarrasser ».

La situation est d’autant plus embarrassante pour le gouvernement que le lourd tribut environnemental de l’industrie du tabac devient de plus en plus connu et qu’il a fait l’objet de la Journée mondiale sans tabac en 2022. Dans le contexte des réunions préparatoires à la négociation du traité international sur les plastiques, Vivianne Heijnen, la ministre néerlandaise de l’Environnement, a elle-même pris position en faveur de l’interdiction des filtres dans les cigarettes[2], une mesure portée par les acteurs de la lutte contre le tabagisme. Elle a insisté sur le caractère nécessairement européen d’une telle mesure, dans l’objectif de la révision de la directive sur l’interdiction des plastiques à usage unique en 2026. L’attribution de fonds publics à l’industrie du tabac représente pour sa part une violation manifeste des directives d’application de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) et de son article 5.3.

Pour en savoir davantage sur l’interdiction des filtres de cigarettes, lire notre décryptage.

Mots-clés : Pays-Bas, subvention, Philip Morris, environnement, filtres.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] The Ministry gave tons of subsidy to cigarette manufacturer Philip Morris, Netherlands Posts English, publié le 24 avril 2023 (traduction de Pauw M, Ministerie gaf tonnen subsidie aan sigarettenfabrikant Philip Morris, RTL Nieuws, publié le 24 avril 2024), consulté le 25 avril 2023.

[2] Ban is best way to stop cigarette filter menace: minister, DutchNews.nl, publié le 21 avril 2023, consulté le 25 avril 2023.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 27 avril 2023