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Australie : British American Tobacco diffuse des publicités s’opposant à la réglementation sur le vapotage sur Facebook

En Australie, un groupe pro-vape (Responsible Vaping Australia) a diffusé une série de publicités payantes sans révéler qu’elles étaient sponsorisées par le cigarettier British American Tobacco (BAT), alors que Facebook exige des groupes faisant de la publicité pour des questions politiques ou sociales qu’ils révèlent qui a payé la publicité[1].

L’initiative de British American Tobacco Australia, « Responsible Vaping Australia », a vu le jour en novembre 2022. Elle est intervenue juste après l’annonce par le ministre fédéral de la santé, Mark Butler[2], que la Therapeutic Goods Administration (TGA – Agence publique qui réglemente les médicaments) avait ouvert à la consultation des mesures fortes concernant le vapotage. Responsible Vaping Australia se décrit comme un « centre de recherche pédagogique ». Elle prétend représenter les détaillants qui veulent vendre des produits du vapotage de manière responsable. Les groupes de soutien à l’industrie des produits du vapotage tels que Responsible Vaping Australia soutiennent que les magasins de proximité et les vendeurs de tabac sont les plus expérimentés pour vendre des produits du vapotage à la nicotine aux adultes.

Un appel à renverser l’interdiction actuelle de vente de produits du vapotage hors prescription

Le site internet de « Responsible Vaping Australia » se présente comme la « solution » aux politiques australiennes « défaillantes » sur le vapotage et appelle les vapoteurs adultes ou les « parents inquiets » à agir pour renverser l’interdiction en vigueur.

Les publicités diffusées sur Facebook indiquent que « l’Australie a besoin de solutions pratiques et de bon sens en matière de politique concernant le vapotage. Le gouvernement doit vous entendre ». Les publicités renvoient à une pétition demandant au gouvernement d’exempter les produits du vapotage avec de la nicotine de la législation à laquelle ils se rattachent et qui concerne les législations relatives aux poisons. L’objectif est que les détaillants soient autorisés à vendre librement ces produits. Certaines publicités affirment que « les lois actuelles en Australie ont créé une énorme demande de produits de vapotage sur le marché noir ». Ces insertions publicitaires ne comportent aucune mention obligatoire concernant son financement.

Selon Meta, propriétaire de Facebook, « les annonceurs ne peuvent pas diffuser de publicités qui promeuvent la vente ou l’utilisation de produits à base de tabac ou de nicotine ou d’accessoires connexes, y compris, mais sans s’y limiter : les cigarettes électroniques, les vaporisateurs ou autres produits qui simulent le tabagisme ». Toutefois, selon Meta, les publicités ont été autorisées parce qu’elles faisaient la promotion de « questions sociales » liées au vapotage.

Les données Facebook de la campagne montrent que les utilisateurs âgés de 18 ans et plus, intéressés par les boîtes de nuit, les cafés, les bars et la sous-culture du monde de la fête, constituaient le public cible, et la majeure partie des dépenses publicitaires les avaient sélectionnés. Les annonceurs peuvent sélectionner les données démographiques, les centres d’intérêt et les comportements des personnes à qui ils souhaitent diffuser ces publicités.

La nécessité de renforcer et mieux faire appliquer la réglementation dans le pays

Le gouvernement australien a interdit l’achat en vente libre de produits de vapotage avec nicotine, en octobre 2021[3]. Ces produits sont disponibles sur ordonnance. Or, la législation actuelle est mal appliquée, avec un marché noir des cigarettes électroniques florissant et l’arrivée en masse des cigarettes électroniques jetables de type puff[4].

Afin de contourner les restrictions de vente, de nombreuses cigarettes électroniques sont en effet libellées par leurs fabricants comme étant sans nicotine mais en contiennent néanmoins, piégeant ainsi les consommateurs et notamment les plus jeunes.

Selon les experts en santé publique australiens, une interdiction générale de l’importation et de la vente de produits de vapotage sans ordonnance – que ces produits contiennent ou non de la nicotine – est nécessaire pour empêcher les importateurs de se soustraire aux lois et pour protéger les plus jeunes, qui achètent souvent ces produits dans des magasins de proximité où on ne leur demande pas de pièce d’identité. La Fondation du cœur, en réponse à la consultation de l’Agence thérapeutique (TGA), a déclaré que l’accès aisé des produits du vapotage aux mineurs contribuait « directement à rendre une nouvelle génération dépendante de la nicotine ». La fondation recommande l’interdiction de tous les arômes de vape, à l’exception du tabac, l’obligation d’un emballage neutre, la réduction de la concentration de nicotine dans les produits et l’interdiction des dispositifs jetables.

Mots-clés : Australie, Facebook, lobby, vapotage, cigarettes électroniques, British American Tobacco,

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Melissa Davey, Facebook ads opposing a ban on vaping in Australia failed to disclose tobacco company backing, The Guardian, publié le 25 février 2022, consulté le 2 mars 2023

[2] Melissa Davey, ‘Lives are at stake’: Australia returns to the nicotine frontline with vaping reform, The Guardian, publié le 2 décembre 2022, consulté le 2 mars 2023

[3] Génération sans tabac, Restrictions drastiques sur le vapotage en Australie, publié le 10 septembre 2021, consulté le 2 mars 2023

[4] Génération sans tabac, L’Australie veut muscler ses mesures antitabac et antivape, publié le 2 décembre 2022, consulté le 2 mars 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 6 mars 2023