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Au Royaume-Uni, les industriels du vapotage réclament une amende de 10 000 £ en cas de vente de cigarettes électroniques aux mineurs

La UK Vaping Industry Association (UKVIA) propose de quadrupler l’amende, actuellement de 2 500 livres, en cas de vente de produits du vapotage à un mineur. Une intention louable mais qui fait uniquement porter la faute sur les revendeurs et laisse un doute sur les intentions réelles des fabricants.

La forte diffusion des cigarettes électroniques parmi les adolescents et les jeunes adultes alarme de nombreux acteurs de santé au Royaume-Uni. Passée de 6 % en 2018 à 9 % en 2021, la consommation de cigarettes électroniques connaît en effet une rapide croissance chez les adolescents de 11 à 15 ans[1]. Une tendance qui s’observe plus particulièrement chez les filles et semble s’être encore accentuée depuis 2021.

Dans 57 % des cas, les adolescents avaient acheté leur cigarette électronique dans le circuit légal, les kiosques à journaux étant les points de vente privilégiés. La vente de cigarettes électroniques à des mineurs est pourtant interdite au Royaume-Uni depuis 2015, les contrevenants pouvant risquer jusqu’à 2500 livres d’amende (2850 €).

Une proposition d’amende qui camoufle les responsabilités des fabricants

C’est dans ce contexte que la UK Vaping Industry Association (UKVIA), qui réunit les principaux fabricants de cigarettes électroniques, propose de multiplier par quatre cette amende et de la porter à 10 000 livres (11 400 €) en cas de vente d’une cigarette électronique à un mineur[2]. Centrée sur l’acte de vente, cette proposition vise en premier lieu les revendeurs de cigarettes électroniques ou leur employeur. L’UKVIA suggère d’accompagner cette mesure de visites de clients-mystères, pour vérifier qu’elle est correctement appliquée.

L’idée de réprimer plus sévèrement la vente aux mineurs de produits contenant de la nicotine est en elle-même méritoire, mais elle pose cependant question quand elle provient des fabricants de ces produits. En focalisant l’attention sur les revendeurs, les fabricants masquent aussi le fait qu’ils rendent très attractifs les différents produits de vapotage (jetables ou réutilisables), que ce soit par les couleurs, les designs ou les saveurs et les noms des arômes utilisés. Il semble effectivement peu probable que les arômes « marshmallow », « bubble gum » ou « barbe à papa » soient destinés à des adultes cherchant à arrêter de fumer. La demande de produits de vapotage par les jeunes est donc aussi le fruit d’une stratégie marketing très étudiée. Profitant d’un flou juridique sur les produits de vapotage, British American Tobacco (BAT) s’était pour sa part distingué en 2020 en distribuant gratuitement des cigarettes électroniques à des jeunes, et parmi eux à des mineurs.

Les fabricants peuvent aussi, avec ce projet d’amende, tenter de faire oublier qu’ils communiquent fréquemment sur les réseaux sociaux en direction des jeunes et des adolescents pour promouvoir leurs produits, que ce soit par le biais d’influenceurs, de publicités ou d’offres promotionnelles. L’idée de cacher les présentoirs de cigarettes électroniques, comme c’est déjà le cas dans ce pays pour les étals de cigarettes classiques, est quant à elle écartée par les fabricants. La proposition d’augmenter les amendes destinées aux vendeurs ressemble ainsi davantage à une opération de réhabilitation des fabricants de cigarettes électroniques, dont les principaux sont aussi des producteurs de tabac.  Elle vise aussi à écarter d’autres mesures de protection du public, en particulier les augmentations de taxes.

Des pistes pour restreindre l’accès des produits du vapotage pour les mineurs

Face à la déferlante des cigarettes électroniques et à leur succès auprès des plus jeunes, certaines organisations de santé, telles que Action on Smoking and Health (ASH-UK), ont proposé d’augmenter sensiblement les taxes sur les cigarettes électroniques, notamment jetables (« puffs »), afin de les rendre moins abordables pour les mineurs. En France, l’Alliance contre le tabac (ACT) et le Comité national contre le tabagisme (CNCT) ont pour leur part appelé à tout simplement interdire les puffs, comme l’envisagent également la Belgique et l’Irlande.

L’interdiction de vente aux mineurs des produits du vapotage est une autre mesure sous réserve qu’elle soit effective. En France cette mesure concernant les produits du tabac est très mal respectée . Il est probable qu’il en soit de même pour les produits du vapotage Par ailleurs, les sanctions des buralistes ou des magasins spécialisés de vapotage restent  rarissimes, et bien en deçà du montant de l’amende suggérée par la UKVIA.

Mots-clés : Royaume-Uni, UKVIA, vente aux mineurs, amende.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] NHS Digital, Smoking, Drinking and Drug Use among Young People in England, 2021, publié le 6 septembre 2022, consulté le 29 mars 2023.

[2] MacDonald H, Vaping industry demands retailers caught selling e-cigarettes to kids get £10,000 fines amid growing pressure to tackle crisis, Daily Mail Online, publié le 28 mars 2023, consulté le 29 mars 2023.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 4 avril 2023