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Les associations canadiennes appellent à l’interdiction des arômes des e-cigarettes

Une étude auprès des jeunes Canadiens indique leur préférence pour les e-liquides aromatisés et à forte teneur en nicotine, mais aussi leur difficulté à arrêter de vapoter.

Les résultats d’une étude canadienne auprès de 3009 jeunes vapoteurs de 16 à 24 ans renforcent la conviction des associations de santé publique d’exiger l’interdiction des arômes, et notamment du menthol, dans les e-liquides. Cette étude en ligne révèle que les répondants ont en moyenne commencé à vapoter à l’âge de 16 ans ; 64% sont d’anciens fumeurs de tabac et 12% en consomment conjointement. 51% des répondants déclarent avoir déjà ressenti des effets négatifs du vapotage sur leur santé et 53% ont essayé au moins une fois d’arrêter de vapoter. Ces jeunes ont, dans leur quasi-totalité (92%),  commencé à vapoter avec des e-liquides aromatisés et la plupart d’entre eux (90%) continuent à en utiliser. Les arômes préférés sont les saveurs de baies, la mangue et le menthol. Enfin, 65% des répondants ont déclaré utiliser des e-liquides aux concentrations élevées de nicotine (50-60 mg/ml) et 71% ont indiqué avoir été exposés à des publicités pour les produits de vapotage sur les réseaux sociaux.

Les arômes facilitent l’initiation au vapotage et au tabagisme

Les associations de santé publique ont interpellé le gouvernement fédéral et huit gouvernements provinciaux en demandant de suivre l’exemple de la Nouvelle-Ecosse et l’Île-du-Prince-Édouard, deux provinces qui ont déjà prononcé une interdiction des arômes dans les produits de vapotage. Ces associations soulignent combien les arômes peuvent constituer des « portes d’entrée », aussi bien dans le vapotage que dans le tabagisme. Les arômes atténuent en effet l’irritation provoquée par la nicotine et favorisent l’initiation au tabagisme comme au vapotage. Le rôle joué par le menthol dans l’addiction à la nicotine est connu et bien documenté ; une étude de neurologie a ainsi démontré comment les composants chimiques utilisés dans la fabrication du menthol intensifient la diffusion de la nicotine dans le cerveau et facilitent la dépendance [2].

Le fait que 27% des répondants aient commencé à vapoter avant de fumer ensuite du tabac confirme le rôle d’initiation que peut jouer le vapotage, ce qu’a aussi montré une autre étude européenne [3]. « Ces produits n’aident pas les fumeurs à cesser de fumer », confirme la directrice de Médecins pour un Canada sans fumée, « ils ont plutôt pour effet de rendre les jeunes accros ».

Les associations alertent enfin sur les fortes teneurs en nicotine des produits de vapotage, qui s’attirent les préférences des jeunes. Elles soutiennent ainsi la proposition du gouvernement fédéral de limiter les teneurs de nicotine des e-liquides à 20 mg/ml, comme c’est actuellement le cas dans l’Union Européenne. Cette baisse de la teneur en nicotine rendrait moins difficile le sevrage de la cigarette électronique.

L’industrie du tabac s’agrippe au menthol

La récente interdiction des cigarettes au menthol aux États-Unis rappelle combien les arômes en général et celui-ci en particulier ont depuis longtemps été pointés comme des facteurs d’entrée et d’installation dans le tabagisme [4]. Ce constat s’observe aussi aujourd’hui pour les cigarettes électroniques, en attendant d’être démontré pour les produits de tabac chauffé. L’important lobbying des industriels pour empêcher ou limiter et retarder l’interdiction des arômes dans les cigarettes s’étend à présent aux e-cigarettes [5]. Aux États-Unis, le menthol avait, en 2009, échappé de peu à l’interdiction touchant les autres arômes, suite à une campagne orchestrée par l’industrie du tabac. Un sursis qui aura duré douze ans et a été fortement mis à profit par l’industrie : la part de marché des cigarettes mentholées a ainsi nettement progressé en Amérique du Nord durant cette période.

L’usage des cigarettes électronique par les jeunes était resté réduit, sinon marginal, au Canada, suite à l’introduction de ces produits en 2012. L’acquisition de fabricants d’e-cigarettes par l’industrie du tabac, quelques années plus tard, s’est traduite par d’intenses efforts de marketing ciblant les jeunes. En deux ans, entre 2017 et 2019, les usages de e-cigarettes ont tout simplement doublé chez les jeunes Canadiens [6]. La publicité pour les produits de vapotage diffusée sur les réseaux sociaux paraît donc trouver sa cible, au mépris de la réglementation interdisant toute publicité pour ces types de produits.

Mots-clés : jeunes, vapotage, arômes, menthol, e-liquide, Canada 

Crédit photo : ©Nicolas Kovarik/IP3 PRESS/MAXPPP

©Génération Sans Tabac


[1] Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, Une étude canadienne auprès de 3000 jeunes appuie l’interdiction globale des saveurs de vapotage. Publié le 7 mai 2021, consulté le 11 mai 2021.

[2] Wickham RJ. The Biological Impact of Menthol on Tobacco Dependence. Nicotine Tob Res. 2020 Oct 8;22(10):1676-1684. doi: 10.1093/ntr/ntz239. PMID: 31867627.

[3] Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER), Opinion on electronic cigarettes. Publié le 16 avril 2021, consulté le 11 mai 2021.

[4] Génération Sans Tabac, Les États-Unis interdisent les cigarettes au menthol. Publié le 29 avril 2021, consulté le 11 mai 2021.

[5] Génération Sans Tabac, Californie : l’interdiction des arômes reportée suite au recours de l’industrie du tabac. Publié le 28 janvier 2021, consulté le 11 mai 2021.

[6] Génération Sans Tabac, Canada : les jeunes vapoteurs ont plus que doublé en l’espace de deux ans. Publié le 5 mai 2020, consulté le 11 mai 2021.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 12 mai 2021