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Arménie : les mesures antitabac pourraient sauver 23 000 vies en 15 ans

Un nouveau rapport[1] conjoint de l’ONU, du secrétariat de la Convention-Cadre et du ministère arménien de la santé a évalué les coûts que le tabac fait peser sur l’économie de l’Arménie – et les avantages d’agir maintenant pour réduire la consommation de tabac. Les conclusions du rapport démontrent que l’adoption et l’application de sept mesures de lutte antitabac éprouvées de la CCLAT permettraient, au cours des 15 prochaines années, de sauver plus de 23 000 vies et d’éviter plus d’1,6 milliard d’euros de pertes économiques.

Ce rapport pour la lutte antitabac en Arménie a analysé les coûts sanitaires et économiques de l’usage du tabac, ainsi que les avantages potentiels du renforcement de la lutte antitabac dans le pays. Il recommande des mesures concrètes, en plus des dispositions de la Convention-cadre de l’OMS et est un outil pour les ministères dans leurs initiatives de prévention et de lutte contre les méfaits des produits du tabac[2].

Le poids de la consommation de tabac en Arménie

En Arménie, environ 28% des adultes (18 – 69 ans) consomment régulièrement des produits du tabac. La prévalence du tabagisme varie considérablement entre les groupes démographiques. Près d’un homme sur deux fume, contre seulement 1 femme sur 50. Le tabac est à l’origine de plus de 5 500 décès chaque année, ce qui représente près de 20 % de tous les décès dans le pays. La moitié de ces décès survient chez les moins de 70 ans.

Près d’un cinquième des décès sont dues à l’exposition à la fumée secondaire, ce qui est plus du double de la moyenne mondiale. Plus de la moitié des adultes âgés de 18 à 69 ans sont exposés au tabagisme à leur domicile et environ 1 sur 4 sont exposés sur le lieu de travail

Les fumeurs en Arménie consomment en moyenne 1,2 paquet de cigarettes (24 cigarettes) par jour, un chiffre supérieur à la moyenne mondiale de 18 cigarettes par jour et à la moyenne de la Région européenne de l’OMS de 21 cigarettes par jour. Ces niveaux de consommation conduisent les fumeurs arméniens à dépenser en moyenne 28€ par mois en cigarettes, soit environ 9 % du salaire mensuel moyen. Le tabac coûte à l’Arménie près de 500 millions d’euros chaque année, soit 4,2% de son PIB annuel. Ces coûts annuels comprennent 138 millions d’euros en dépenses de santé, et 357 millions en capacités de production perdues en raison d’une mortalité et d’une invalidité prématurées.

La mise en place de mesures efficaces permettrait de sauver 23 000 vies

Le gouvernement arménien a pris des mesures sans précédent pour le pays afin de réduire la consommation de tabac avec la promulgation de la loi de 2020 sur la réduction et la prévention des dommages causés à la santé par la consommation de produits du tabac. Une application stricte de la loi dès son entrée en vigueur et une action continue pour mettre en œuvre des mesures supplémentaires de lutte antitabac peuvent réduire le fardeau national de l’usage du tabac.

Les résultats démontrent que l’adoption et l’application de sept mesures de lutte antitabac éprouvées de la Convention-Cadre de l’OMS permettraient, au cours des 15 prochaines années, de sauver plus 23 000 vies et réduiraient l’incidence des maladies non transmissibles dans le pays, imputables au tabagisme.  Ces mesures sont plus particulièrement : l’interdiction de la publicité, l’introduction du paquet neutre, la hausse des taxes, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’apposition d’avertissements sanitaires graphiques, l’aide à l’arrêt et des campagnes d’information et prévention sur les dangers associés à la consommation de tabac auprès de la population. L’adoption des mesures de la Convention-cadre de l’OMS permettrait d’éviter plus de 7 800 décès prématurés dus aux quatre principales MNT (Cancer, diabète, maladies respiratoires et cardiovasculaires) d’ici 2030, soit environ 20 % de la réduction de la mortalité prématurée requise pour atteindre la cible 3.4 des objectifs du développement durable.

Des mesures cout-efficaces qui engendreraient d’importantes recettes fiscales

Selon les estimations du rapport, les interventions recommandées génèreraient un retour sur investissement supérieur à 1 au cours des cinq premières années, ce qui signifie que même à court terme, la mise en place de mesures par le gouvernement sera rentable.  Chaque dram arménien investi dans la lutte antitabac aujourd’hui, engendra une économie pour le pays de 38 dram d’ici 2024 et de 86 dram d’ici 2034. Les mesures les plus rentables sont la hausse des taxes et l’interdiction de la publicité pour les produits du tabac. Par exemple pour 1 dram investi en 2021 pour la bonne application de l’article 13 de la CCLAT (interdiction de la publicité, promotion et parrainage), le retour sur investissement sera de 888 d’ici 2034.

Sur les 15 années, plus d’1,6 milliard d’euros de pertes économiques seraient évités, et la mise en œuvre entraînerait des économies supplémentaires d’un demi-milliard d’euros en évitant les dépenses de santé imputables au tabac. Les avantages économiques (1,6 milliard) dépasseraient de très loin les coûts de mise en œuvre des 7 mesures de la Convention-cadre de l’OMS évaluées à 18 millions d’euros.

Mots clés : Arménie, CCLAT, santé, lutte antitabac, croissance

©Génération Sans Tabac

AE


[1] The Case for Investing in WHO FCTC Implementation in Armenia, Programme des Nations unies pour le développement, 1er novembre 2021, consulté le 2 novembre 2021

[2] Communiqué de presse, Armenia Tobacco Control Investment Case, Programme des Nations unies pour le développement, 1er novembre 2021, consulté le 2 novembre 2021

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 3 novembre 2021