Actualités

amerique-du-sud-interdiction-fumer-lieux-publics

L’ensemble de l’Amérique du Sud désormais couverte par l’interdiction de fumer dans les lieux publics

Le président du Paraguay, Mario Abdo Benítez, a approuvé le décret n° 4624, qui interdit officiellement l’utilisation à la fois des produits du tabac traditionnels, les produits du tabac chauffés et des cigarettes dans les espaces publics fermés et les espaces extérieurs bondés.

Le décret interdit de fumer, quels que soient les produits du tabac concernés y compris les nouveaux tabacs « chauffés » et les produits du vapotage. Cette mesure ne s’applique pas aux zones extérieures où il n’y a pas de foule ou qui ne sont pas des lieux de passage. Avec ce décret, le Paraguay a rejoint les autres pays d’Amérique du Sud qui ont mis en place des lieux sans fumée dans les espaces publics intérieurs et les lieux de travail, conformément à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Désormais 430 millions de personnes se trouvent ainsi protégées des risques liés au tabagisme passif dans les espaces à usage collectif[1].

Ces progrès sont le résultat d’années d’engagement et d’initiatives de la part des dirigeants politiques et des acteurs de la société civile des pays d’Amérique du Sud, qui sont très impliqués dans la mise en œuvre des mesures de protection du traité. Lorsque la CCLAT est entrée en vigueur en 2005, seul l’Uruguay assurait à ses citoyens une protection efficace contre la fumée secondaire dans les espaces publics[2].

De nombreux efforts à réaliser pour la région en matière de lutte antitabac

Si l’existence d’espaces sans tabac est une mesure efficace pour protéger les populations des risques liés au tabagisme passif et débanaliser la consommation de tabac, d’autres mesures doivent également être mises en œuvre. La plupart des pays de la région ont signé et ratifié la Convention-cadre à l’exception de l’Argentine.

Malgré les efforts conséquents déployés ces deux dernières décennies, de nombreux pays connaissent un retard en termes de mise en œuvre de la Convention-cadre et du programme MPOWER conçus pour réduire l’épidémie mondiale de tabagisme. En 2019, seuls quatre pays (Brésil, Colombie, Panama et Uruguay) appliquent et respectent l’article 13 de la Convention sur la publicité, la promotion et le parrainage du tabac. Seuls quatre pays (Argentine, Brésil, Chili et Colombie) appliquent et respectent une taxe de 75% ou plus sur les produits du tabac, trois pays (le Brésil, le Salvador et le Mexique) ont mis en œuvre une offre de soins pour l’aide à l’arrêt du tabac et seul l’Uruguay a adopté le paquet  neutre pour les cigarettes[3].

La capacité des pays à résister aux pressions et actions des cigarettiers

L’industrie du tabac est très active pour empêcher l’adoption de réglementations dans la région. Cependant, elle a essuyé des revers au cours de ces dernières années. En 2008, le Panama[4] a été le premier pays d’Amérique latine à interdire la publicité, la promotion et le parrainage. British American Tobacco et Philip Morris International ont essayé à trois reprises de contrer la mesure. La Cour suprême panaméenne s’est prononcée en faveur du texte du ministère de la Santé et a validé les mesures de prévention adoptées pour lutter contre l’épidémie de tabagisme dans le pays. En 2010, au Pérou[5], lors de la discussion du projet de loi antitabac dans les commissions parlementaires, la participation de représentants de l’industrie du tabac n’a pas été autorisée conformément aux dispositions du traité. La protection des politiques publiques de l’ingérence de l’industrie du tabac a pu être assurée grâce à un engagement actif de la société civile. À la suite de l’adoption, en 2010, de la législation sur le conditionnement et l’étiquetage des produits par l’Uruguay[6], Philip Morris avait soumis une plainte contre ce pays devant le Centre international pour le règlement des différents relatifs aux investissements (CIRDI)  de la Banque mondiale, alléguant que la législation du pays violait un accord sur la protection des investissements de 1988 entre la Suisse (base actuelle de PMI) et l’Uruguay. En juillet 2016, un tribunal d’arbitrage donnait raison à l’Uruguay de protéger la santé de sa population au travers de mesures conformes à la Convention-cadre de l’OMS permettant de réduire la consommation de tabac. Ces actions entreprises par des pays d’Amérique du Sud rappellent aux acteurs de santé du monde entier qu’il n’y a pas de fatalité et que les attaques de l’industrie du tabac peuvent être contrées.

Mots clés : Amérique du Sud, Lutte antitabac, espaces sans fumée,

©Génération Sans Tabac


[1] South America free of smoking in public places, PAHO announces, Pan American Health Organization, 8 janvier 2021, consulté le 13 janvier 2021

[2] Communiqué de presse, Landmark for Global Health: With Addition of Paraguay, All of South America Is Now Protected by Comprehensive Smoke-Free Laws, Campaign for Tobacco-Free Kids, 12 janvier 2021, consulté le 13 janvier 2021

[3] PAHO, Adriana Blanco from PAHO presentation, Août 2019, consulté le 13 janvier 2021

[4] Chile libre de Tabaco, Regional report on Tobacco Control, 2015, consulté le 13 janvier 2021

[5] InterAmerican Heart Association, Report on FCTC, 2011, consulté le 13 janvier 2021

[6] Génération Sans Tabac, Décès du Dr. Tabaré Vázquez, ancien président uruguayen et fervent défenseur de la santé publique, 7 décembre 2020, consulté le 14 janvier 2021

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 14 janvier 2021