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Allemagne : des organisations appellent à renforcer les mesures antitabac pour protéger les femmes

Dans le cadre de la 19e Conférence allemande pour la lutte antitabac, 23 organisations de santé, de développement et de lutte antitabac ont publié un rapport[1] sur le thème des droits des femmes et de la lutte antitabac. Dans ce document, divers auteurs examinent les liens entre les droits des femmes, les objectifs de développement durable et la lutte antitabac et appellent l’Allemagne à renforcer ses mesures de lutte antitabac.  

La culture et la consommation de tabac sont liées à de nombreuses violations des droits des femmes et vont à l’encontre des Objectifs de Développement Durable (ODD). Les acteurs de santé et de défense des droits humains soulignent qu’il en est de la responsabilité des États de faire respecter et de protéger les droits des femmes tels qui sont reconnus dans la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).

Les femmes, cibles privilégiées de l’industrie du tabac

Les femmes traditionnellement consomment moins de tabac que les hommes, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire, car la norme sociale n’y a pas encore développé. Cependant, à la faveur d’une combinaison de facteurs : marketing ciblé de l’industrie, croissance démographique continue dans les pays à revenu faible et intermédiaire, évolution des normes de genre, l’augmentation de la consommation féminine pourrait être considérable en l’absence d’actions immédiates.

À l’échelle mondiale, 5,5% des femmes de 15 ans et plus consomment des produits du tabac avec de grandes disparités selon les régions (17,5% en Europe, 10% sur le continent américain contre 0,9% en Asie du Sud-Est ou 1,4% en Afrique). En Allemagne, 23% des femmes de plus de 15 ans fument et le nombre de décès de femmes dus à la consommation de tabac est passé de 43 000 en 2007 à 50 000 en 2017. En dépit des conséquences sanitaires majeures, l’Allemagne ne dispose pas de mesures clés de lutte contre le tabagisme telles que des augmentations significatives des taxes sur le tabac, une législation complète relatives aux lieux sans tabac, ainsi qu’une interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage du tabac.

Les femmes restent les principales victimes du tabagisme passif

Bien que l’exposition à la fumée secondaire ait diminué du fait de la généralisation de mesures d’interdiction de fumer à l’international, un tiers des femmes restent exposées au tabagisme passif dans le monde contre 20% des hommes. La mortalité associée au tabagisme passif est significativement plus élevée chez ces dernières : près de 600 000 femmes décèdent chaque année des suites de décès liés au tabagisme passif, soit plus du double du nombre d’hommes.

L’usage du tabac et l’exposition au tabagisme passif présentent également des risques particuliers pour les femmes. Il favorise le développement du cancer du sein et du col de l’utérus, réduit la fertilité et entraine des complications pendant la grossesse. L’exposition à la fumée secondaire pendant la grossesse peut en outre nuire à l’enfant à naître. En Allemagne, 20% des jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans sont exposées quotidiennement au tabagisme passif[2]. L’Allemagne n’a pas une législation fédérale complète d’interdiction de fumer mais renvoie en la matière à des législations différenciées selon ses 16 États fédéraux. On y dénombre différents types d’exemptions et de lacunes, entraînant des niveaux de protection inégaux contre l’exposition à la fumée secondaire.

Inclure le droit des femmes dans la lutte globale contre le tabagisme

L’Allemagne est à la traîne dans la lutte antitabac et, plus de 15 ans après avoir ratifié la Convention-Cadre de l’OMS, elle ne dispose toujours pas d’une stratégie globale de lutte antitabac. Aussi pour réduire efficacement et durablement la consommation de produits du tabac, les organisations de santé insistent sur l’obligation du pays à mettre en œuvre les dispositions de la Convention-cadre pour la lutte antitabac, dont le préambule fait référence à la CEDAW, dans leur intégralité. Le rapport souligne l’importance de s’assurer que toutes les mesures de lutte antitabac atteignent les groupes particulièrement touchés et défavorisés tels que les femmes ayant un statut socio-économique défavorisé. Le pourcentage de fumeurs parmi les femmes non-diplômées est de près de 48% (contre 19% des femmes ayant un diplôme) en Allemagne[3].

Cette démarche s’inscrit dans un mouvement. En mai 2021, plus de 50 organisations de santé publique et de la société civile allemande avaient publié la « Stratégie pour une Allemagne sans tabac 2040 »[4]. Il s’agissait d’un appel au gouvernement à mettre en œuvre des mesures de lutte antitabac qui visent à une génération sans tabac d’ici 2040[5].

Mots clés : Allemagne, droits des femmes, lutte antitabac, CCLAT, CEDAW

Crédit photo : ©Wolfram Steinberg/picture alliance / Wolfram Stein/MaxPPP

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Sonja von Eichborn, Katrin Schaller, Sabina Ulbricht, Caroline Renzulli, Mary Clare Rosemeyer, Debra Rosen, Mark Hurley, Farida Akhter, Brenda Chitindi, Viola Dannenmaier, Frauenrechte und Tabakkontrolle:

Das Recht auf eine tabakfreie Welt, Unfairtobacco, décembre 2021

[2] DKFZ 2020: Tabakatlas Deutschland 2020.

[3] DKFZ 2020: Tabakatlas Deutschland 2020.

[4] Strategie für ein tabakfreies Deutschland 2040, Deutsches Krebsforschungszentrum, DKFZ, 31 mai 2021, consulté le 16 décembre 2021

[5] Génération Sans Tabac, Allemagne : le défi d’une génération sans tabac et sans nicotine d’ici 2040, 17 septembre 2021, consulté le 16 décembre 2021

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 17 décembre 2021