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Afrique subsaharienne : une étude démontre l’efficacité des hausses de taxes pour lutter contre le tabac

Une récente étude publiée dans la revue Tobacco Control met en exergue le rôle des hausses de la fiscalité dans la réduction du tabagisme dans huit pays d’Afrique subsaharienne. Cette étude vient s’ajouter à la littérature scientifique internationale, qui avance que les fortes hausses de taxes sont l’outil le plus efficace pour réduire la consommation de tabac. Pour les chercheurs, ces résultats, spécifiques au contexte africain, fournissent un ensemble de preuves sur lesquelles les décideurs publics pourraient baser des politiques de lutte contre le tabagisme.

Les chercheurs se sont appuyés sur les données de plus de 50 000 personnes, issues de l’Enquête mondiale sur le tabagisme des adultes, qui a été menée dans huit pays d’Afrique entre 2012 et 2018 (Botswana, Cameroun, Ethiopie, Kenya, Nigéria, Sénégal, Tanzanie et Ouganda)[1].

Des résultats significatifs dans l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne

Les résultats de l’enquête montrent que les hausses de prix sont significativement associées à une baisse de la demande de cigarettes dans les pays observés. Ainsi, en Afrique subsaharienne, l’élasticité-prix est estimée à -0,362, autrement dit, une hausse des taxes conduisant à une hausse de prix de 10% se traduit par une réduction de 3,62% de la consommation. Cette élasticité varie toutefois en fonction des différentes caractéristiques économiques et sociales des individus (niveau de diplôme, niveau de richesse, genre, situation maritale, etc). Selon les auteurs de cette étude, cette réduction de la consommation se traduit plus par une diminution de la prévalence tabagique que par une diminution des volumes consommés par fumeur. Ainsi, environ 86% de la réduction de la consommation s’explique par le recul du taux de fumeurs, tandis que les 14% restants sont attribués à une réduction de l’intensité du tabagisme. Comme le rappellent les chercheurs, une hausse de la fiscalité sur le tabac est ainsi profitable à la santé publique, puisqu’un arrêt total du tabagisme est très significativement plus profitable qu’une diminution de la consommation pour le fumeur. En effet, le risque tabagique est davantage fonction du nombre d’années de tabagisme que de la quantité consommée

Vers une probable épidémie tabagique en Afrique dans les prochaines années

Une telle étude permet ainsi aux décideurs politiques de l’Afrique subsaharienne de disposer d’un socle scientifique spécifique à leur région pour motiver la mise en place de hausses fiscales sur les produits du tabac. L’Afrique est à ce jour le continent où les niveaux des taxes sur le tabac sont les plus faibles. Par ailleurs, alors que le tabagisme est en déclin à l’échelle mondiale, les auteurs de l’étude soulignent que l’Afrique pourrait vraisemblablement devoir faire face à une épidémie tabagique dans les prochaines années. Un tel risque s’explique par la croissance économique et démographique du continent, mais également par les efforts marketing déployés par l’industrie du tabac, qui se tourne massivement vers ces nouveaux marchés, afin de compenser son recul mondial, notamment dans les pays occidentaux, où des mesures éprouvées de lutte contre le tabagisme ont été mises en place. Au-delà d’être efficaces pour réduire le tabagisme, et de correspondre aux recommandations de l’Article 6 de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), les hausses de taxes sont également nécessaires au regard du coût économique et fiscal du tabagisme.

Mots-clés : Afrique subsaharienne, taxes, étude

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Filby S, Cigarette prices and smoking among adults in eight sub-Saharan African countries: evidence from the Global Adult Tobacco Survey, Tobacco Control Published Online First: 25 November 2022. doi: 10.1136/tc-2022-057626

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 29 novembre 2022