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3,7 litres d’eau pour une seule cigarette : éclairage sur un gaspillage majeur méconnu

Comme l’a confirmé une étude publiée le 2 octobre 2018 par l’Imperial College de Londres[1], l’industrie du tabac est un secteur d’activité qui mobilise des ressources naturelles considérables.

Ainsi, outre les millions d’hectare de surface cultivable, la déforestation induite et les quantités importantes de bois requises pour le séchage du tabac, l’industrie du tabac nécessite également énormément d’eau. L’étude estime que les fabricants de cigarettes consomment 22,2 milliards de mètres cubes chaque année, l’équivalent de 7,5 millions de piscines olympiques.

Il est d’ailleurs intéressant de rapporter ce chiffre à l’échelle d’un fumeur. Une personne ayant fumé un paquet de cigarettes pendant cinquante ans aura utilisé plus de 1,350 millions de litres d’eau au tabagisme : c’est la quantité d’eau moyenne utilisée par un Français pendant 25 ans pour sa consommation  domestique[2] (hygiène, alimentation, etc).

Cette surconsommation en eau n’est pas l’apanage des plus grands fumeurs. Même chez des consommateurs plus modérés, le tabagisme a un impact écologique indéniable. Derrière l’achat d’un paquet de cigarettes, il a fallu consommer 74 litres d’eau, soit 20 litres de plus que pour le fonctionnement d’un lave-linge classique. Selon l’étude précédemment citée, près de quatre litres d’eau sont en moyenne requis pour la fabrication, la transformation et la mise en vente d’une cigarette.

Cette surexploitation des ressources en eau liée à la production du tabac constitue un sérieux obstacle à l’atteinte de l’Objectif de Développement Durable (ODD) 12 et notamment dans sa cible 6.3 selon laquelle « D’ici à 2030, améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution, en éliminant l’immersion de déchets et en réduisant au minimum les émissions de produits chimiques et de matières dangereuses, en diminuant de moitié la proportion d’eaux usées non traitées et en augmentant considérablement à l’échelle mondiale le recyclage et la réutilisation sans danger de l’eau

Et sa cible 12.2 selon laquelle « D’ici à 2030, parvenir à une gestion durable et à une utilisation rationnelle des ressources naturelles » et la cible 12.6 12.6 selon laquelle il faut « encourager les entreprises, en particulier les grandes et les transnationales, à adopter des pratiques viables et à intégrer dans les rapports qu’elles établissent des informations sur la viabilité »[3].

Or, selon une autre étude, rendue publique le 6 août 2019 par l’Institut World Ressource[4], un quart de la population mondiale est en situation de pénurie hydrique, et dix-sept pays sont directement menacés par le « jour zéro », à partir duquel l’eau cesse de couler des robinets.

L’industrie du tabac, par les quantités d’eau qu’elle exige, a une responsabilité directe sur l’épuisement des nappes phréatiques, et participe largement à « la plus grande crise dont personne ne parle » et dont les conséquences prendront la forme « d’insécurité alimentaire, de conflit, de migration, et d’instabilité financière », à en croire les mots d’Andrew Steer, PDG du WRI. Dans ses articles 17 et 18, la Convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte antitabac souligne la nécessité de tenir compte des impératifs environnementaux, et de proposer des alternatives économiquement viables à la culture du tabac.

©Génération Sans Tabac


[1] https://pubs.acs.org/doi/pdf/10.1021/acs.est.8b01533?rand=mktszp30

[2] https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/eau-consommation-eau-habitant-france-908/

[3] http://www.globalcompact-france.org/images/un_global_compact/page_odd/Liste_des_17_ODD_et_169_cibles_-_web.pdf

[4] https://www.wri.org/blog/2019/08/17-countries-home-one-quarter-world-population-face-extremely-high-water-stress

| ©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 16 janvier 2020