Une étude étatsunienne établit une corrélation entre usage de cigarette électronique, fragilité osseuse et fractures liées à l’ostéoporose, y compris chez les jeunes adultes.
Le tabagisme est un facteur reconnu d’ostéoporose et de fragilité des os[1]. Ce type de pathologie n’a cependant jusqu’ici pas été mis en évidence dans les usages de cigarette électronique. Une étude associant une équipe de chercheurs étatsuniens et un chercheur camerounais suggère aujourd’hui qu’un lien pourrait aussi exister entre les deux.
Un mécanisme d’action encore non élucidé
L’étude s’est appuyée sur les données du National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), en sélectionnant un échantillon de 5 569 personnes de plus de 20 ans, parmi lesquelles 19% avaient vapoté au moins une fois au cours de leur vie et 8% avaient rencontré des fractures osseuses[2]. Les déclarations de fractures ont plus fréquemment été relevées chez ceux qui avaient vapoté au moins une fois, qui vapotaient actuellement ou qui ne vapotaient plus que chez ceux n’ayant jamais utilisé de cigarette électronique. La prévalence de fragilités osseuses était cependant plus importante chez les fumeurs non-vapoteurs et chez les personnes ayant un usage duel de cigarettes et d’e-cigarettes.
Les fractures osseuses étaient considérées comme des fragilités osseuses de type ostéoporose lorsqu’elles étaient occasionnées par des chutes de faible hauteur (depuis sa propre hauteur ou depuis un siège) et ont aussi pu être observées chez de jeunes adultes. Le mécanisme liant ces types de fractures aux cigarettes électroniques est encore inconnu et n’est pas non plus complètement éclairci pour ce qui est des cigarettes classiques. Pour ces dernières, les pistes d’explication des fragilités osseuses portent soit sur un effet cytotoxique direct au cours de l’activité ostéoblastique (formation des os), soit sur une perturbation du métabolisme et des hormones parathyroïdes, régulant la vitamine D, le cortisol et les hormones sexuelles. Il est supposé que l’action des cigarettes électroniques sur les fragilités osseuses pourraient obéir au même principe que celui des cigarettes classiques et pourrait impliquer la nicotine, sous réserve d’interventions d’autres facteurs ou substances.
Des résultats à considérer avec prudence
Les résultats de cette étude sont à interpréter avec précaution, mais indiquent que l’usage de cigarettes électroniques est loin d’être sans risques pour la santé, comme l’ont pointé d’autres études sur les maladies cardiovasculaires ou respiratoires. Plusieurs limites de cette étude sont pointées par les auteurs, qu’il s’agisse des caractéristiques des e-cigarettes, de la portée des usages antérieurs de tabac, de l’importance des usages duels tabac/e-cigarette ou des auto-déclarations par les participants. Les auteurs de l’étude estiment par ailleurs que les médecins traitants devraient systématiquement poser la question du vapotage à leurs patients, comme ils le font pour le tabac, et leur délivrer une information courte sur le risque de fragilité osseuse.
Pour Patricia Folan, directrice d’un centre de tabacologie de l’état de New York, « cette étude souligne le fait que les cigarettes électroniques ont été mises sur le marché prématurément et sans régulation – sur la seule parole des industriels selon lesquels elles étaient sûres et efficaces pour arrêter de fumer »[3]. Bien que le recul manque encore, une évaluation scientifique complète des conséquences des e-cigarettes sur la santé manque encore.
Mots-clés : fractures, os, ostéoporose, e-cigarette, vapotage, usage duel
MF
[1] Kanis JA, Johnell J, Oden A, Johansson H, De Laet C, Eisman JA, et al., Smoking and fracture risk: a meta-analysis, Osteoporos Int, 2005 16 (2), 155‑62.
[2] Agoons DD, Agoons BB, Emmanuel KE, Matawalle FA, Cunningham JM, Association between electronic cigarette use and fragility fractures among US adults, American Journal of Medicine Open, pré-publication mise en ligne le 13 novembre 2021, consultée le 24 novembre 2021.
[3] Reinberg S, Vaping Could Weaken Your Bones, Study Finds, Health Day, publié le 22 novembre 2021, consulté le 24 novembre 2021.
